Ce que je fais en tant qu’allié des féministes

J’ai décidé de créer cette liste personnelle d’actions concrètes que je fais au quotidien en tant qu’allié. Cet article est à destination des hommes, en espérant les inspirer et leur donner de nouvelles idées pour être toujours de meilleurs alliés des féministes. Si vous êtes une femme et lisez cet article, je suis tout ouïe pour entendre vos remarques (en commentaire ou message privé).

 

Un long chemin : j’ai rédigé cet article le 15 novembre 2020 et je le mettrai à jour au fur et à mesure que je ferai de nouvelles choses dans ce sens. J’ai conscience que ces actions ne sont que le début d’un long chemin et qu’on peut (qu’on doit) toujours faire mieux et que ce chemin n’a probablement pas de fin.

Allié et non féministe ? Je me dis « allié » et non plus « féministe » car selon certains écrits  de femmes, écrits bien argumentés, un homme cisgenre ne peut techniquement pas être féministe (c’est même contreproductif de se considérer comme féministe car on s’approprie une lutte qui est contre le groupe social des hommes cisgenres dont on fait partie). Etre allié n’enlève rien au chemin vertueux du féminisme, alors, disons que je suis « fou allié ».

1. J’éduque mon fils avec des valeurs féministes

Mon fils (8 ans en 2020) est un petit garçon (très probablement cisgenre, même si je tâche de n’avoir aucune influence de genre sur lui) issu d’une famille blanche relativement aisée (on appartient donc de manière systémique au groupe oppresseur par excellence…). Mon devoir est de lui faire prendre conscience au plus tôt de ses privilèges et des valeurs féministes qui me touchent, afin qu’il les intègre dans sa vie et son éducation. Mon fils est hypersensible (un bon mix de ses parents…), a des jeux plutôt calmes et créatifs, n’aime pas jouer au foot, me dit souvent « je t’aime » et est très tendre. Bref, il n’est naturellement pas un cliché d’une masculinité toxique, c’est déjà ça 🙂

Au fur et à mesure de mes lectures, je l’informe – avec un filtre à enfant – des inégalités actuelles et passées. J’ai également tendance à contrer parfois des réflexes de sa mère lorsqu’ils heurtent mes valeurs féministes (par exemple lorsqu’elle dit dans un magasin de jouets de passer tel rayon parce qu’il « est pour les filles »).

Je me souviendrai toujours du jour où je lui ai lu une partie de cet article sur les discriminations des femmes en France : « tu te rends compte qu’en 1965, il y a seulement 35 ans, Maman aurait été obligée de me demander le droit de faire le travail qu’elle voulait faire? C’est franchement absurde ». Le soir, sa mère m’a dit qu’il lui avait raconté cette histoire, il avait l’air bien affecté et concerné. Une petite graine a été plantée ce jour là pour son chemin personnel en tant que (futur) allié.

2. Je lis et j’écoute les femmes

Voici une première liste des lectures et écoutes que je recommande chaudement, en plus de tout ce que je peux lire au quotidien sur internet ou bien en discutant avec des amies :

  • Le podcast « Les couilles sur la table« , intéressant, intelligent, bienveillant et constructif. Merci à Victoire Tuaillon pour son travail exceptionnel.
  • Le compte Instagram « Nos alliés les hommes« . Clair et constructif.
  • Le livre « King Kong Théorie« , à lire probablement après avoir lu et écouté d’autres contenus plus « soft », car pour l’apprécier, il faut avoir déjà pas mal déconstruit de choses ancrées culturellement en nous.

3. Je fais (beaucoup) à la maison

Cela m’a toujours paru tellement évident que ça me gêne un peu de le lister ici :

  • Je fais le petit dej pour toute la famille, pratiquement tous les matins.
  • Je vais chercher mon fils à 16h15 au moins une fois sur deux et l’emmène à l’école une fois sur deux.
  • Je cuisine beaucoup. Je prépare généralement le dîner tous les soirs de la semaine, et une fois à deux fois le week-end.
  • Je lave mon linge, les draps de lit, les serviettes de la famille.
  • Je remplis et je vide le lave vaisselle pratiquement tous les jours, je fais la vaisselle au moins un soir sur deux.
  • Je fais les courses la plupart du temps.
  • Je vide et sors les poubelles trois fois par semaine.
  • Je lis une histoire le soir à mon fils un soir sur deux. Je le douche une fois sur deux.
  • Je range.
  • Je m’occupe de tout l’administratif (y compris une partie de l’administratif personnel de ma partenaire).
  • … Et par toutes ces actions, je donne la possibilité à ma partenaire de suivre sa carrière comme elle l’entend.

Je paie quelqu’un pour faire le grand ménage une fois par semaine, dans le cas contraire ma compagne et moi-même nous partageons les tâches.

Une conséquence positive ? La mère de mon fils peut s’épanouir dans sa carrière professionnelle (ce qu’elle ne manque pas de faire) et rester  financièrement indépendante.

4. Je dis « je t’aime »

Je dis « je t’aime » aux gens que j’aime. Je parle avec mon coeur, avec franchise et sensibilité. A ma famille, à mes ami·e·s, mes amoureuses, à mes collègues, aux personnes qui comptent dans ma vie. C’était même une partie importante de mon email de « bonne année » de janvier 2019 : « Disons aux gens qu’on aime qu’on les aime, quitte à les troubler ».

Je dis « je t’aime », en particulier, à mon fils. Et il me le rend bien. On est connectés, tendres, on parle vrai, avec compassion et écoute. On est loins du cliché du pater de la génération d’avant qui malgré son amour, était incapable d’exprimer ses sentiments…

Bref. Dans un monde où les sentiments des hommes sont réprimés, j’assume avec joie ma sensibilité.

5. Je change de trottoir

Si je marche à la même vitesse qu’une femme sur un trottoir, je change de trottoir. Oui, je sais, tout comme vous, « je n’ai rien à me reprocher ». Cela ne change pas le fait qu’à peu près 100% des femmes se sont fait harceler au moins une fois dans leur vie, et qu’avoir l’impression d’être suivie est anxiogène. Alors je mets ma perception d’homme privilégiée de côté, je ne minimise pas ce qu’elles peuvent ressentir, et je bouge. Cela ne me coûte rien et au moins je sais qu’elle ne se sentira pas menacée.

6. Je mets mon ego de côté

Enfin, j’essaie. Avec plus ou moins de succès (mais une tendance de fond positive). Les deux challenges pour moi ont été en présence de femmes misandres. Alors, même si je reste confus sur ce que je ressens en les écoutant, je fais la part des choses et je mets mon égo de côté de manière toute simple, avec un super outil qui s’appelle l’empathie : si je vivais 1% de ce que vivent les femmes au quotidien, je n’ose pas imaginer la colère qui serait en moi. Les misandres seraient de gentils nounours à côté de moi. Donc je prends du recul, je n’oublie pas que finalement, malgré ma position, je ne dois pas me sentir personnellement critiqué lorsque j’entends des propos misandres. Et j’écoute, avec toute la compassion que je peux avoir dans ces moments là. Et si cela m’empêche de dormir, je prends un peu de recul, le temps de me ressourcer et de mettre les choses en perspective.

7. Je le clame auprès des hommes

J’ouvre souvent des discussions féministes avec mon entourage masculin. J’espère que ma position de « semblable », notre proximité de genre, les fasse m’écouter davantage qu’ils pourraient écouter la parole de femmes révoltées. Une façon pour moi de faire un pont entre les deux mondes, pour le meilleur, je l’espère.

8. L’humain passe devant le sexe

Ce point déborde peut-être de la thématique du féminisme (d’autant plus que me considère comme un allié du féminisme pro-sexe), mais il m’est cher et je vais essayer d’expliquer en quoi il s’articule dans mon mouvement d’allié.

J’assume totalement avoir – comme tous et toutes – une partie animale en moi – et qui n’est pas honteuse en soi. Cette partie peut me faire désirer sexuellement une personne de manière instinctive, au premier regard, basée sur son corps (encore une fois, ce n’est pas un problème en soi). Plutôt que de nier ou diaboliser cette pulsion naturelle, je me souviens simplement que sur l’échelle de mes valeurs, mes désirs ne doivent pas passer devant mes valeurs (respect, franchise, consentement, connexion humaine authentique en préambule d’un acte intime) et j’aurai alors tendance à juger toute parole intérieure qui reflèterait les habitudes sexistes de mes plus jeunes années (objectification des femmes selon leur aspect physique).

Un exemple concret qui m’est arrivé récemment : j’ai rencontré une personne qui me plaisait énormément d’un point de vue physique et comportemental, au point de m’enivrer, et visiblement je lui plaisais énormément. Après avoir discuté, il nous a apparu évident que nos modes de vie n’étaient pas compatibles (moi poly, elle exclusive). J’ai préféré être franc malgré mes désirs charnels par respect pour elle.

9. Je cherche des solutions

Mon cerveau d’entrepreneur (et mes tripes d’être humain hypersensible) ont la fâcheuse tendance à toujours vouloir tenter de résoudre les problèmes. « Comment faire pour régler le problème ? », « Qu’est-ce que je pourrais créer pour changer les choses ? », « Est-ce qu’une app sur un téléphone géolocalisant les alliés pourraient être profitable aux femmes ? », « Est-ce que des personnes mal intentionnées pourraient se faire passer pour alliés sur cette app ? », « Est-ce que les femmes souhaiteraient une telle ‘protection’ qui à la fois augmenterait leur sécurité mais à la fois mettrait en exergue la triste société dans laquelle on vit et où elles ne sont pas autonomes dans leur sécurité ? », « faut-il leur demander leur avis sur une telle initiative ? », « n’est-ce pas prendre le problème à l’envers ? », etc, etc.

10. J’écris ce genre d’articles

Hommes, j’espère que cet article vous aura inspirés.

Femmes et tous·tes celleux qui ne sont pas dans le groupe dominant, n’hésitez pas à commenter.

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *